1992 juillet août voyage itinérant en Suisse

            Lundi 27 juillet 1992 : Je suis parti d'Angers en voiture à 6h20. J'arrive à l'auberge de jeunesse de Pontarlier après 700 km parcourus dans de bonnes conditions, avec peu de circulation. J'ai tout l'après-midi de libre. Je vais faire un petit footing sur un chemin le long du Doubs. L'A.J. n'a pas de garage à vélo. Il passera la nuit dans ma voiture. 

          L'A.J. est propre et spacieuse. Dans ma chambre il y a 8 lits superposés 2 par 2. Au cours de la nuit un groupe est arrivé en faisant, parait-il, beaucoup de bruit. Je n'ai rien entendu !

        Mardi 28 juillet 1992 : je me lève à 6h50. Je prépare mon vélo : montage et remplissage des sacoches. Petit déjeuner pris à l'auberge de jeunesse puis départ à 8h40.

          A 10h00 j'arrive à Mouthe, village limitrophe de la frontière Suisse, communément appelé "la petite Sibérie" en raison de ses records de température négatives (pendant  l'hiver 1986 le thermomètre y est descendu à - 41°). Mais ce matin il fait déjà +19°. Je préfère celà au gel.

     

          Après le col des croisettes je fais une erreur de parcours. Je me retrouve sur un GR avec des passages impraticables en vélo. Un couple de marcheurs me renseigne. Je rejoins un sentier et après avoir ouvert et fermé quelques barrières je parviens au col du Pré de l'haut dessus. J'ai très chaud dans la montée du col du chalet dernier. Je me mets torse nu ! cà devient difficile sur le 32 x 28, je roule à 7 km/h. Le col suivant, sur le Voué, est dur au début puis la pente diminue. Le soleil est toujours très présent. C'est bien agréable.

          J'arrive à l'A.J. de Vallorbe peu après 17h00. Comme c'est souvent le cas en Suisse l'A.J. est très belle et vaste : rez-de-chaussée plus 3 étages ! L'extérieur est bien aménagé : tables et bancs de pierre avec une cheminée-barbecue sous un porche en bois. Bien que je sois le seul occupant, je réussis à me faire servir un dîner. Je fais quelques étirements dans ma chambre. Je constate que j'ai bien bronzé. Mes bras et mes jambes ont même commencés à rougir. Coucher à 20h30.

          Mercredi 29 juillet 1992 : je me suis réveillé à 6h30 mais levé seulement à 7h00. Petit déjeuner à 7h20. Départ à 8h15. Je rejoins Baillaigues par une route sinueuse et balisée depuis Vallorbe. Dans la montée du col de la Payette je suis arrêté par 2 douaniers Suisses !! Situation très inattendue !!

          Le dernier kilomètre de cette montée est en terre battue. Ce chemin traverse la cour d'une ferme. Après le col, l'autre versant devient un chemin recouvert d'herbe. Je fais demi-tour. Je m'arrête à Baulmes pour y faire mon ravitaillement. De Sainte Croix au col de la nouvelle Censière, la route est large, c'est une succession de faux-plats montants et descendants.

          Au carrefour appelé "Provence" la vue panoramique permet de découvrir le lac de Neuchatel. Le soleil est superbe.

          A la sortie de Gorgier je m'arrête devant un lavoir datant de 1668. Il a été restauré en 1986.

          Maintenant je roule sur "la route des vignobles" qui m'amène à Neuchatel. Une piste cyclable me permet de longer le lac. L'auberge de jeunesse est facile à trouver. Elle est située dans une rue très pentue. Le seul accès est un escalier de 50 marches. Je hisse mon vélo et le met à l'abri sous un balcon. Comme d'habitude l'A.J. est vaste et propre. Après la douche je fais des étirements sur un banc face à la forêt. Demain je pensais me rendre à Aarau mais le gérant m'apprend que l'A.J. d'Aarau n'existe plus. Je vais modifier mon parcours. Je me couche à 21h10 mais j'ai de la peine à m'endormir, car il fait chaud. Au cours de la nuit je suis réveillé par les ronflements d'un des dormeurs !

          Jeudi 30 juillet 1992 :  Le premier col de la journée sera le Savagnier dont j'atteins le sommet dès le 13,7ème km. Sa particularité c'est d'avoir beaucoup de lignes droites avec des pentes très importantes. Je ne progresse qu'entre 6 et 7 km/h toujours le 32 x 28.

     

          Arrivée à La Dame, je ne trouve pas la route que j'avais repéré sur la carte. En réalité il y a un chemin caillouteux qui part vers Lordel. Après avoir roulé pendant 500 mètres sur de mauvais cailloux, je retrouve un beau bitume ! La route sinueuse, étroite, ondule à l'ombre, ce qui est bien agréable étant donné la forte chaleur. Je me ravitaille à Nods.

          A Orvin, je me préoccupe de chercher un hébergement pour ce soir. L'A.J. de Le Bémont est complète. Quand je téléphone à celle de Delemont, le répondeur m'informe qu'il reste de la place.

          Entre Corgémont et Tramélan je franchis le col Jeanbrénin (1104 m.) toujours par une route étroite, pentue et rectiligne ! Au sommet je passe devant des batiments qui annoncent " la fondation pour le cheval ", dédiée aux vieux chevaux.

     

          Pour rejoindre Delemont, j'emprunte la route des gorges du Pichoux. Sur cette belle route, le franchissement du col de Pompierre est aisé. L'auberge de jeunesse dispose d'une cuisine pour préparer soi-même ses repas. Mais ce soir j'irai dîner en ville. L'A.J. me convient. Je réserve également pour demain soir. De toute façon je suis le seul client, il y a encore de la place !

          Vendredi 31 juillet 1992 :  A 9h00 je suis prêt. Je fais le point sur les parcours des jours suivants. A 9h40 je pars pour une journée de récupération. Je prends une piste cyclable le long de la N 6, pour rejoindre Choindez par Biel et Moutiers. Le col de Rebeuvelier n'est pas trop difficile. Je m'arrête près d'une fontaine qui coule dans un tronc d'arbre creusé.

          J'enchaîne avec le col de Mondésir. A Courroux je déjeune dans un abri-bus seul endroit où j'ai trouvé un peu d'ombre. Je reviens à Delemont par un circuit cycliste balisé. Ensuite je prends la directionde Bâle, je longe la "Birse" et la traverse sur un petit pont de bois pour rejoindre un chemin en forêt. Puisque c'est ma journée de récupération, je fais d'abord une sieste sur un banc en bois, suivie par des étirements et une demie-heure de footing.

          Il fait 35° à l'ombre. J'achète des fruits et retourne à l'A.J. à 16h40. Ce soir je dîne dans un restaurant chinois. A l'A.J. je retrouve un jeune couple qui voyage en vélo de course en transportant, chacun, leur sac sac à dos. Je les avais déjà croisé à l'A.J. de Vallorbe.

          Samedi 1er août 1992 : A 7h25 je suis prêt à partir. Le petit déjeuner n'étant servi à l'A.J. qu'à partir de 8h00, je décide de partir. A Courroux j'achète une boite de pêches au sirop que je mange aussitôt.

          La montée du col de Scheltenpass dure environ 7,5 km. A partir de Mervelier c'est une succession de paliers irréguliers puis la fin est plus facile sur le 32 x 28. A 10h40 franchissement du Passwang.

     

          Ravitaillement à Mumliawil. Il fait toujours chaud. La montée d'Ober Hanenstein est régulière et facile. Dans la descente je sens quelques grosses gouttes de pluie. Après Gneekingen je m'abrite sous le pont SNCF pour enfiler le KWay. Mais l'intensité de la pluie augmente et, à l'entrée de Fulenbach je m'arrête sous le porche d'une usine en attendant que çà s'arrête. La pluie se calme à 13h45. Je mange un peu. A 14h00 je repars alors que le soleil revient fort.

          A Murgenthal je photographie un superbe pont dont la charpente en bois date de 1863.

          Aujourd'hui çà n'a pas été trop dur. Depuis le Passwang c'est nettement plus facile. La récupération d'hier m'a sans doute été profitable. Je vais faire une ballade dans Zofingen qui est une charmante ville médiévale. Il y a beaucoup de verdure et de jardins fleuris.

       

          L'auberge de jeunesse est une vaste maison bourgeoise dans un parc. Mon vélo passera la nuit dans un grand débarras fermant à clé. Il n'est pas possible de dîner à l'A.J. A 19h00 je me rends à la pizzeria du buffet de la gare. Je me régale avec une pizza aux fruits de mer. Ensuite retour à l'A.J. Je me couche à 21h00, seul dans un grand dortoir.

             Dimanche 2 août 1992 : le début de la nuit a été marqué par une fête populaire avec un feu d'artifice jusqu'à une heure tardive. Dans ces conditions j'ai eu pas mal de difficultés à m'endormir. Ce matin j'apprends qu'il s'agissait de la fête nationale Suisse.

          Aujourd'hui je décide de faire une journée de semi-repos. Je pars à 9h15. La température est déjà élevée. Le col de Linden est facile, le Sattel également. Cà commence gentiment.

          Pendant les nombreuses montées il y eu parfois, durant quelques centaines de mètres, des pourcentages supérieurs à 10% mais qui ne duraient jamais longtemps. J'ai pourtant accusé un sérieux coup de pompe à partir de midi. Est-ce dû à la chaleur ou aux repas insuffisants pour me permettre de récupérer des efforts réalisés ? D'ailleurs aujourd'hui (jour de fête nationale) tous les commerces sont fermés. Je ne sais pas comment je vais faire pour manger. Je ne dispose que de quelques barres de Mars et de Bounty achetées à une vendeuse de journaux. 

          J'arrive à l'auberge de jeunesse de Beinwil à 15h00. Je laisse mon vélo sous un abri et je descends sur le bord du lac. Il y a des vacanciers mais aucune plage ni possibilité d'accès directe au lac. Seulement des pontons pour le départ des voiliers qui sont nombreux.

          Un sentier longe le lac, parfois au soleil, parfois à l'ombre des arbres de la forêt toute proche. Bien que n'étant pas vraiment en forme, je fais un footing de 25 minutes. Cà va mieux une fois parti. Il fait toujours très chaud. Je me désaltère à la buvette du lac avant de rejoindre l'A.J. à 17h00.

          Elle est spacieuse mais moins classe que les précédentes. L'organisation des dortoirs est très "collective". 4 matelas mitoyens sont alignés en bas et en haut. Au 2ème étage je suis seul dans ce dortoir de 8 places. Dans le dortoir voisin, toute une famille de cyclos s'est installée (les parents et leurs trois enfants).

          Lundi 3 août 1992 : Je suis prêt àpartir à 7h10. Je m'habille avec le débardeur car la température extérieure est déjà agréable.

          Avec un peu de chance je trouve la route du col Niderwetzwil. A Sursee je me perds dans la zone industrielle. Au 49ème km, le col Hueben est court et facile (32 x 24). A la suite je franchis le col de Ricken et le col d'Aerpolingen. Je pique-nique avant d'arriver à Saint Urban.

          Puis je décide d'aller franchir le col de Salischlossli au nord de Zofingen. A partir d'Oftringen la pente est importante. Parfois elle atteint 15%. Bientôt le bitume de cette route très étroite disparaît. C'est maintenant un chemin empierré. Il est quasiment impossible d'y rouler à vélo. J'insiste trop et je finis par tomber sur le genou droit. Je continue en poussant mon vélo !

          J'arrive tôt à l'auberge de jeunesse. Il est 15h50 et je n'ai parcouru que 92,4 km. Le ciel s'obscurcit et quelques gouttes de pluie tombent. Mais le soleil revient rapidement. Après la douche, je fais une lessive, en particulier mon débardeur qui a été sali lors de ma chute de cet après-midi.

          Je dîne à l'A.J. en compagnie de la famille de cyclos qui dormait dans le dortoir voisin du mien, hier soir, à l'A.J. de Beinwil. Ce matin ils ont fait le tour du lac, puis sont passés chez les parents de la femme. Ils ont pris le train pour arriver jusqu'à Zofingen. Au cours de cette journée particulièrement chaude, ils ont parcouru 50 km avec leur VTT et leurs sacs à dos !

          Le dîner est agréable mais vraiment pas assez copieux. Pas de fruits, pas de fromage, pas de dessert. Je vais m'asseoir dans le jardin. Le ciel est gris et une averse s'abat. Cà se calme après 5 minutes mais je me rappelle, trop tard, que mes vêtements et mes gants sèchent sur un fil à linge. La pluie cesse mais l'orage continue à gronder.

          Mardi 4 août 1992 : j'ai bien dormi, malgré l'arrivée de 2 jeunes  vers 20h30. Départ à 9h00. Pour me rendre à Madliswil je roule sur une superbe piste cyclable, le long de la voie ferrée.

     

          Au 30ème km, franchissement du col de Linden, facile, agréable et roulant sur le 32 x 24 à 10 km/h. Petite erreur de parcours qui m'amène à Rorbach. Je repars dans la bonne direction pour franchir le col de Rischisberg. Le col suivant, le Muleberg, est facile. Je monte sur le 32 x 21. Seul petit problème : depuis ce matin j'ai mal aux vertèbres cervicales.

     

          Au 58ème kilomètre, un nouveau col : le Luegg. La fin est facile. Je monte sur le 45 x 21.

          La montée du col de Wolfurli est complètement différente. C'est un chemin caillouteux et pentu. Je fais presque tout à pied. L'autre versant, que j'emprunte pour la descente vers Muledorf, est à nouveau goudronné. Mystère et surprise des petites routes Suisses ! Au 93 ème km, un nouveau col facile : le Hundriest.

          L'auberge de jeunesse de Bienne est différente des précédentes. Propre mais rustique, elle ressemble à un ranch en bois. Le dortoir "hommes" regroupe 10 matelas serrés et alignés en bas, autant en hauteur. La seule douche prévue pour les hommes n'a pas d'eau chaude. L'abri à vélo se réduit à un toit en tôle.

          Après le dîner très simple, je monte un pneu neuf à la place du pneu arrière usé et coupé. J'en profite pour mettre également 2 patins neufs à l'arrière.

          Ce soir nous sommes 12 à partager le dortoir.

          Mercredi 5 août 1992 : Petit déjeuner à 7h30. Je remets un peu d'ordre dans mes sacoches. Après quelques jours de randonnée, c'est nécessaire. Départ à 8h15.

          Dès Landéon c'est dur, même très dur dans les lignes droites du col de Savagnier, où je suis déjà passé il y a quelques jours. Au sommet, un panneau annonce que la pente est à 13%. Je comprends pourquoi c'était si difficile. A 12h30 je déjeune au café-restaurant de la Poste de Savignier. Après seulement 5 minutes d'attente, on me sert un excellent repas reconstituant. Je n'avais pas trouvé d'alimentation dans les petits villages précédents. Je repars avec le moral !

          A partir de Dombresson, je suis à nouveau dans une montée très pentue ( 13 à 15 %). Elle s'atténue à partir des Vieux Prés. Au col de Derrière Pertuis, je me trompe de route et je vais franchir, involontairement, le col de la chaux d'Amin. Je continue par le col de la Vue des Alpes (altitude 1 283 mètres) dont la pente maximum est indiquée à 9% et celui de la Tête de Ran, qui est plus facile. Ce qui est rare dans la campagne Suisse.

      

          Le col de Bellevue sera le dernier col de la journée. La montée, facile sur le 32 x 21, s'est faite sous un soleil éclatant. Au sommet j'ai une superbe vue sur la ville de La Chaux de Fonds, que je rejoins par une route à 2 voies où la circulation est devenue importante.

          L'auberge de jeunesse est située dans une vieille maison borgeoise typique. Il y a plusieurs étages. Les murs sont recouverts de belles  boiseries anciennes. Un garage permet de stocker les vélos. Le dîner est servi à 18h30. Le menu est correct mais la quantité servie est insuffisante pour satisfaire un cycliste qui a roulé toute la journée. Conséquence : je vais maigrir ! Au départ de la randonnée je pesais 62 kg. Lors de mon retour à Angers, le vendredi 07 août j'avais perdu 3 kg. Bien entendu, 3 jours plus tard j'en avais déjà repris 2 ! " Rien ne se perd, tout se retrouve " (C'est une règle que l'on cite souvent dans mon travail).  

          Ce soir je me sens bien malgré les nombreux passages très pentus et la très forte chaleur que j'ai eu aujourd'hui. Couché à 21h00. 

          Jeudi 6 août 1992 : Lever 7h30 et départ à 8h15. Ce sera la dernière étape de cette randonnée qui me ramène en France, à Pontarlier, où j'ai laissé ma voiture.

          Je suis rapidement dans "le bain" en montant le col des Bénéciardes : dur mais court. A 9h50 je suis de retour au pays. Je franchis le col éponyme " col de France ". Puis nouvelle incursion en Suisse pour franchir deux cols faciles, sur 45 x 21, le Gros Cardot et les Sagnettes.

          Je prends des photos de la source de l'Areuze, rivière Suisse qui se jette dans le lac de Neuchatel.

      

          Au 60ème kilomètre j'ajoute à ma liste de cols celui du Cernil. Facile sur 32 x 28, je suis monté torse nu car il fait encore une forte chaleur. A la frontière je m'offre un café et je change les devises. 

Je suis de retour à l'auberge de jeunesse de Pontarlier à 14h25.

C'est donc la fin de cette randonnée Suisse.