Restauration de la randonneuse Jo ROUTENS blanche

Voici donc ma deuxième randonneuse Jo Routens. Celle-ci possède tous les attributs des meilleures productions de ce constructeur de haut niveau : haubans croisés, frein arrière en avant des haubans avec passage dans le tube vertical, renforts de pédalier, tête de fourche à plaquettes, porte-sac avant J.R., potence JR avec un bouchon en alu portant le nom du premier propriétaire et, bien sûr, le fameux dérailleur avant JR. La qualité des accessoires est au niveau habituel : tubes Reynolds 531 et moyeux Maxi-Car. Les garde-boues en aluminium sont des RBN Durex Robineau. La selle est une Idéale avec les rails en alu.

Voici la randonneuse avant le démontage :

Tout d'abord, il est intéressant de lui attribuer une date de naissance. C'est assez facile, puisque le numéro du cadre est très lisible : 3046. Mais je ne possède pas les archives de JR. J'ai donc contacté Jean-Paul, son fils et repreneur de la marque (maintenant à la retraite). J'attends sa réponse. Sinon, les équipements montés sur le vélo peuvent aider. Le problème est qu'ils s'étalent sur une vingtaine d'années ! Car ces artisans étaient fidèles à ceux qui leur convenaient et possédaient un stock de matériel qu'ils montaient bien longtemps après leur sortie dans le commerce et selon la demande de leurs clients, souvent des connaisseurs qui préféraient le matériel éprouvé. Par exemple : les Maxi-Car de première génération, le pédalier Stronglith 49 avec les trois plateaux T.A. (54, 42 et 28 dents). De même pour les freins marqués M.A.F.A.C.. Tout celà fait penser aux années 50. Mais la patte du dérailleur arrière n'est apparue qu'au début des années 60. Le dérailleur Huret Luxe a été commercialisé à partir de 1965 ! Un cadre plus ancien, portant le n° 2666 a été authentifié, par Jean-Paul Routens, comme étant de 1966. Celui-ci date donc de la fin des années 60. En attendant une réponse qui permettra de la dater précisément.

 

Lundi 28 mai j'ai reçu la réponse de Jean-Paul Routens. Malheureusement il ne possède plus les archives de cette série de vélos. Par contre il était content de retrouver la trace de cette randonneuse. Je lui avais donné le nom du premier propriétaire. Il a bien connu ce cyclo qui a souvent roulé avec Jo R. et également avec Jean-Paul R. lui-même. On peut imaginer que cette randonneuse aurait beaucoup d'anecdotes à nous raconter ! A moi, maintenant, de lui faire goûter une "retraite" plus paisible mais néanmoins à base de vraies randonnées.

 

Il faut tout démonter, nettoyer, graisser et, ensuite, remonter !

Le numéro de cadre et la potence artisanale, surmontée de son bouchon en alu, avec le support pour la sonnette (obligatoire !).

Les garde-boue RBN sont en bon état, mais les cocottes de frein sont très sèches et devront être changées. J'en possède une paire, de couleur similaire, dans mon stock de pièces.

Petite panique lors du démontage de la potence : la tige filetée est cassée et l'expandeur conique est donc bloqué dans le tube de direction. Comment le faire sortir ? Après réflexion et concertation avec moi-même, j'utilise une tige métallique suffisamment longue pour "taper" délicatement sur l'expandeur, le débloquer et le faire sortir à l'envers. Dans mon stock je trouve une tige de remplacement dont le filetage correspond à celui de l'expandeur conique d'origine. Ouf ! j'ai eu une belle peur :

La potence artisanale est peinte de la couleur du vélo, enfin, à peu près ! Comme la peinture est légèrement abimée, je décide de la refaire. Donc d'abord un décapage complet, puis une peinture d'une teinte similaire à celle du cadre :

Progressivement tout est nettoyé : le cintre débarrassé de la colle laissée par la guidoline particulièrement souillée, les freins, le dérailleur avant, le pédalier ... etc. La chassis de la selle, en aluminium, est nettoyé et poli. Je redonne, au cuir qui est avachi, une forme plus classique. Après plusieurs heures de travail intéressant, le remontage peut commencer. Le vélo reprend forme :

La première sortie a lieu ce mercredi 3 mai 2018 : le soleil est bien présent. Je me rends sur les bords de la Loire pour une séance photos.

Le retour est rapide, car un orage s'approche. J'arrive bien mouillé à l'entrée de Sainte Gemmes sur Loire. Je me mets à l'abri tout près du bâtiment qui abrite les toilettes. Il y a déjà là un couple de cyclos. Nous serons rejoints par un coureur à pieds et deux randonneuses pédestres ! Quand la pluie se calme un peu, chacun repart ! !